Des bleuets
--> une autre histoire
Elle sentait la nourriture végétarienne, un mélange de pain de seigle et de laitue. Ce qu'elle aimait par-dessus tout, ce qui l'égayait, c'était le mois d'août et les bleuets.
Tout le monde l'appelait Soleille. Elle se présentait ainsi, c'est comme ça qu'elle se nommait: « Salut, moi, c’est Soleille! » Elle venait de Repentigny, elle était arrivée en cours d'année. Je l'avais remarquée, je la voyais souvent marcher, passer dans le corridor pour aller dehors. Coup de vent coloré et odorant. Fille fraîche.
Elle était plus âgée que moi de quelques années. Elle avait de grands yeux bleus, de grands yeux verts, de grands yeux gris. De grandes lèvres, un grand sourire. De longs cheveux châtains. Belle fille.
Elle riait souvent, comme un petit animal, et ça donnait envie de la taquiner, de lui flatter les cheveux. Elle aimait se coller aux gens, leur prendre la main. Les garçons l'aimaient bien.
Un jour, dans sa chambre, elle m'a donné quelques vêtements. Elle m'a raconté leur histoire. Ils avaient son odeur. Dans son pantalon doublé de soie, je me sentais libre et amoureuse. J'avais des pattes d'éléphant. Je pouvais danser, être heureuse, chaleureuse. J'étais comme j'aurais voulu être, comme elle.
Un jour, dans ma chambre, elle est tombée sur mon bulletin. Malaise: « Ah non! Regarde pas! » Elle m'a dit, gravement, très adulte, pleine d'amour et de regrets, que je devais être fière et que je pourrais, si je le voulais, tout faire dans la vie, contrairment à elle.
Il lui arrivait toujours des malchances, des pétrins. Heureusement, il y avait souvent des chauffeurs de taxi qui, la voyant sur le bord de la route en train de pleurer, la prenaient et la ramenaient chez sa mère sans rien lui demander.
Durant l'été, elle est partie vivre en appartement avec un type rencontré à Saint-Romuald. Elle allait commencer une nouvelle vie et travailler dans un magasin. Tapis gris et meubles volés. J'étais déprimée.
Elle avait souvent des bleus sur les bras. « C’est parce que je mange pas assez de vitamines. » J'aurais aimé qu'elle le laisse, elle n'en était pas capable. Elle ne pouvait que se faire mal et me faire trop de peine.
La dernière fois que je l'ai vue, par hasard, elle m'a dit: « Tiens, ça fait longtemps que personne ne m’avait appelée Soleille... »
Tout le monde l'appelait Soleille. Elle se présentait ainsi, c'est comme ça qu'elle se nommait: « Salut, moi, c’est Soleille! » Elle venait de Repentigny, elle était arrivée en cours d'année. Je l'avais remarquée, je la voyais souvent marcher, passer dans le corridor pour aller dehors. Coup de vent coloré et odorant. Fille fraîche.
Elle était plus âgée que moi de quelques années. Elle avait de grands yeux bleus, de grands yeux verts, de grands yeux gris. De grandes lèvres, un grand sourire. De longs cheveux châtains. Belle fille.
Elle riait souvent, comme un petit animal, et ça donnait envie de la taquiner, de lui flatter les cheveux. Elle aimait se coller aux gens, leur prendre la main. Les garçons l'aimaient bien.
Un jour, dans sa chambre, elle m'a donné quelques vêtements. Elle m'a raconté leur histoire. Ils avaient son odeur. Dans son pantalon doublé de soie, je me sentais libre et amoureuse. J'avais des pattes d'éléphant. Je pouvais danser, être heureuse, chaleureuse. J'étais comme j'aurais voulu être, comme elle.
Un jour, dans ma chambre, elle est tombée sur mon bulletin. Malaise: « Ah non! Regarde pas! » Elle m'a dit, gravement, très adulte, pleine d'amour et de regrets, que je devais être fière et que je pourrais, si je le voulais, tout faire dans la vie, contrairment à elle.
Il lui arrivait toujours des malchances, des pétrins. Heureusement, il y avait souvent des chauffeurs de taxi qui, la voyant sur le bord de la route en train de pleurer, la prenaient et la ramenaient chez sa mère sans rien lui demander.
Durant l'été, elle est partie vivre en appartement avec un type rencontré à Saint-Romuald. Elle allait commencer une nouvelle vie et travailler dans un magasin. Tapis gris et meubles volés. J'étais déprimée.
Elle avait souvent des bleus sur les bras. « C’est parce que je mange pas assez de vitamines. » J'aurais aimé qu'elle le laisse, elle n'en était pas capable. Elle ne pouvait que se faire mal et me faire trop de peine.
La dernière fois que je l'ai vue, par hasard, elle m'a dit: « Tiens, ça fait longtemps que personne ne m’avait appelée Soleille... »
Trouvé par Petit ange, le Mercredi 20 Février 2008, 13:52 dans la section des romans pour enfants.
Vous :
AboveTheClouds
20-02-08
à 14:03
Triste, comme histoire. Les soleils ne devraient jamais s'éteindre.
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Re:
Ce sont de très beaux mots, effectivement, mais ce ne sont pas les miens, bien malheureusement...